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Décider par consensus, un défi pour les gestionnaires

On s’attend des gestionnaires d’une entreprise qu’ils contribuent à l’équipe de gestion.  Cependant, lorsque l’on réunit des personnes choisies pour leur leadership, peuvent-elles devenir ensemble une véritable équipe de gestion? Un groupe de gestionnaires n’est pas nécessairement une équipe de gestion. Il faut que le groupe prenne de la maturité avant de développer les caractéristiques d’une équipe consolidée. Une caractéristique facilement observable de la maturité d’une équipe de gestion est sa capacité à prendre des décisions consensuelles.

consensus

Si on analyse la manière dont la plupart des décisions sont prises à l’intérieur d’un groupe ou d’une équipe de gestion, nous avons une meilleure idée de la culture organisationnelle. Voici quelques exemples de modes de décisions possibles (Johnson et Johnson, 1995) :

•  décision prise par l’autorité, sans consultation (certains y gagnent, d’autres y perdent);

•  décision par défaut ou absence de décision (tout le monde y perd);

•  décision prise par quelques membres seulement (certains y gagnent, d’autres y per­dent);

•  décision prise en se fondant sur le compromis entre les diverses opinions (tout le monde y perd un peu);

•  décision prise par l’autorité après une discussion en groupe (certains y gagnent, d’autres y perdent);

•  décision par vote majoritaire (certains y gagnent, d’autres y perdent);

•  décision unanime (tout le monde y gagne);

•  décision par consensus (tout le monde y gagne).

Dans la littérature en gestion, on définit le consensus comme une opinion collective à laquelle arrive un groupe dont les membres communiquent entre eux et se soutiennent mutuellement. Dans cette atmosphère de groupe positive, on a le sentiment que chacun peut influencer la décision (McEwan, 1998).

Chez COSE, nous définissons le consensus comme : une décision collective à laquelle arrive un groupe malgré des divergences d’opinion initiales. Durant la décision, chacun peut influencer la décision. Finalement, chacun des membres sera solidaire de la décision prise.

Le véritable consensus, ce n’est ni l’unanimité, ni le compromis. Prendre les décisions par consensus, c’est se donner les moyens de déterminer la meilleure solution qui satisfasse les intérêts organisationnels et les besoins de tous, sans négliger personne et de façon que tous se sentent solidairement liés à la mise en application de la décision prise.

Pour décider par consensus, chaque membre de l’équipe de gestion doit relever ces défis :

•    Partager l’information

•    Faire preuve d’esprit d’équipe

•    S’engager envers les autres

•    Respecter les collègues de travail et leurs idées

Une fois ces conditions réunies, l’atteinte du consensus n’est qu’une question de méthode de travail. Selon la complexité de la situation analysée, différentes méthodes peuvent être employées. Toutes ces méthodes ont comme point en commun d’être une séquence d’étapes à franchir. À chaque étape, le consensus est nécessaire pour passer à l’étape suivante. Le consensus final est le résultat d’une série de petits consensus qui mèneront progressivement à une décision ou une recommandation commune dans laquelle chacun des membres du groupe s’engage.

Pour qu’une équipe de gestion arrive à atteindre ce niveau de maturité d’équipe, elle devra traverser des périodes de tension et chaque membre devra développer ses habiletés relationnelles.

 

 

Y a-t-il quelqu’un qui va l’arrêter…

Malgré l’utilisation croissante des outils électroniques de communication dans nos organisations, la réunion demeure et demeurera un moyen privilégié pour se parler, informer, consulter et prendre des décisions. Afin que ce moyen utilisé pour échanger donne les résultats escomptés, l’étape de préparation prend tout sons sens. Quel sera le but visé par la réunion, les points de discussion, la durée anticipée, l’endroit ainsi que les participants à convoquer. Bref, beaucoup d’emphase est habituellement mise par les gestionnaires sur la planification du contenu ainsi que de son déroulement. Toutefois, peu d’entre eux prennent le temps de prévoir une stratégie à l’égard de dérangements potentiels ainsi qu’à l’égard de « problèmes humains » pouvant survenir en cours de réunion ou ayant déjà été observés lors de réunions précédentes. Ils se disent trop souvent qu’ils les gèreront « live », avec un succès mitigé comme résultat, surtout s’ils ne maîtrisent pas certaines techniques d’intervention.

Que faire par exemple avec deux participants n’ayant pas d’atomes crochus entre eux et qui décident sans avis de régler leur compte durant la réunion aux yeux de tous ? Comment intervenir auprès d’un collaborateur qui continuellement s’écarte du sujet ou qui se plaît à jouer au p’tit comique en tournant en dérision les interventions de tous et chacun.

Il va de soi que la responsabilité première de prévenir ou d’intervenir de façon appropriée en cas d’écart durant une réunion revient au meneur de celle-ci. Compte tenu qu’une partie de son rôle est d’aider chaque participant à fonctionner adéquatement au sein du groupe et à orienter les efforts de chacun d’eux en fonction de l’atteinte des objectifs, il importe pour le leader de la réunion de ne pas intervenir trop drastiquement dès les premiers écarts afin de limiter les impacts négatifs sur la dynamique de groupe. Une action trop musclée d’entrée de jeu risquerait de compromettre la participation des gens tout en jetant une douche d’eau froide sur le climat. Par ailleurs, l’inaction n’est pas une option. C’est pourquoi une stratégie de type crescendo comportant 3 niveaux d’intervention doit être préconisée lorsqu’en présence d’un participant « problème ».

Premier niveau : Intervention indirecte

Un simple regard, un geste et/ou signe non verbal devraient être suffisants pour amener le participant à être conscient de son comportement inadéquat. Selon les différents liens existants entre les membres du groupe et le meneur, une remarque gentille, un commentaire humoristique ou une question candide peut également avoir un effet positif.

L’objectif visé de l’intervention indirecte est de permettre au participant « problème », sans le placer sur la sellette, d’être sensibilisé aux effets négatifs qu’il provoque et de corriger lui-même sa façon d’être au sein du groupe.

Deuxième niveau : Intervention directe

Si l’approche, considérée modérée, ne donne pas les résultats attendus, il y a lieu d’intervenir de façon directe, en lui donnant un « feedback » afin qu’il saisisse clairement les effets négatifs que son comportement inapproprié provoque sur le travail de groupe ainsi que les conséquences négatives prévisibles s’il persiste. Dans cette intervention, le meneur choisira le moment de la pause ou prétextera un instant d’arrêt temporaire s’il y a lieu, afin d’en profiter pour rencontrer l’individu visé seul à seul, loin des regards du groupe, et de s’entendre sur les changements de comportements souhaités.

L’objectif visé de cette intervention est quant à elle de s’entendre de façon individuelle avec le participant « problème » sur un mode de fonctionnement satisfaisant pour tous qui permettra de poursuivre efficacement le déroulement de ladite réunion.

Troisième niveau : Intervention finale

Après avoir repris la réunion, si l’individu persiste ou récidive avec le comportement déviant malgré l’entente préalable, le meneur doit suspendre le déroulement et soumettre ouvertement la problématique au groupe. Un résumé descriptif de la situation, présentant le comportement « dérangeant », les effets observés sur le groupe ainsi que les conséquences prévisibles sur les objectifs annoncés ainsi que les résultats de la réunion, doit être fait. C’est au groupe par la suite de statuer sur le maintien ou non du déroulement dans cette direction et/ou la correction de la situation.

L’objectif visé de cette dernière étape d’intervention est de responsabiliser le groupe quant à la suite des choses et des actions à mettre en place afin d’amener le participant « problème » à revenir sur le droit chemin. Très souvent les membres du groupe se sont déjà dits intérieurement : « Va-t-il se la fermer » et se permettront de lui dire, lorsqu’interpellé par l’animateur : « Tu t’arrêtes ou tu t’en vas ». Dans certains cas ultimes, le meneur pourrait procéder lui-même à l’expulsion dudit participant.

En conclusion, le succès du traitement des participants problèmes dépendra beaucoup de l’analyse de la situation que fera l’animateur et des interventions qui en découleront. En suivant la stratégie présentée précédemment, les chances sont très élevées de résoudre la situation problématique tout en préservant le climat de travail présent lors de la réunion. D’ailleurs, 80 % des problèmes seront réglées en adoptant l’intervention indirecte.