À vous de décider!
2012
Je suis enfin à bord du train qui me ramène d’Ottawa à la maison, après avoir donné trois journées de formation. La circulation là-bas était tellement dense que je suis arrivée à la gare à la dernière minute pour l’embarquement. Mon niveau de stress était passablement élevé.
Une fois à bord, installée devant un bon souper, un premier représentant du service à la clientèle m’a tendu une débarbouillette chaude, que je n’ai pas vue, tout occupée que j’étais à régler par téléphone un problème de surfacturation avec l’hôtel où j’avais séjourné pendant ces trois jours. Quelques instants plus tard, une deuxième représentante vient me demander, toujours pendant que je suis au téléphone, si je veux du thé. Je lui réponds « oui » . Je prends alors ma serviette et essuie machinalement ma tasse avant de la lui remettre : il y avait des traces de ce qui semblait être du vin sur le rebord. C’est alors qu’elle me dit : « un peu de turbulence? ». Ce à quoi je lui ai répondu : “Je n’ai aucune idée de ce que c’est : c’est comme ça des fois! » La représentante a alors éclaté de rire. Ne venais-je pas de mettre au jour une évidence? Oui, mais laquelle?
J’ai soudainement pris conscience que j’aurais facilement pu donner une tournure plus catastrophique à la situation. Si cette tasse était tachée de vin, ce n’était certainement pas moi qui en étais responsable! Et je n’ai pas rejeté le blâme de cet état de chose sur quiconque (y compris sur moi, ce qui, en soi, est un exploit). Parfois, il est bon de lâcher prise, de prendre les choses comme elles sont et de réagir comme il se doit. Je suppose que c’est pour cette raison que la représentante riait autant à ma remarque!
Cette attitude voulant qu’on passe du temps à chercher un coupable à tout prix et à convaincre autrui que c’est nous qui avons raison n’est pas étrangère à la gestion. Dans certains cas, bien paraître a un prix : la tâche est exigeante, improductive et ne génère aucune retombée positive, que ce soit sur son entourage ou sur soi-même. Le vieux dicton nous commande de choisir nos batailles. Pour moi-même, cela se traduit par une réflexion sur les conséquences de mes choix sur mon équipe, sur mon organisation, sur moi-même : tous, en tirerons-nous quelque chose? S’il n’y a pas de réponse claire à cette question, on pourrait en conclure qu’il vaut mieux laisser tomber!
Kathleen Sears