A-t-on affaire à un menteur?

Malheureusement, à cause des multiples types de menteurs, il est impossible de répondre à cette question en une seule phrase.

Voyons d’abord la définition du mot « menteur ». Celle du dictionnaire ne révèle rien d’autre que « une personne qui ment »; par contre, la définition du mensonge nous révèle «  assertion sciemment contraire à la vérité, faite dans l’intention de tromper ».

Éliminons au départ l’aspect involontaire du mensonge, selon les études consultées, elle n’existe pas. Donc le mensonge est un geste volontaire. Mais pour compliquer le tout, le niveau de volontariat varie beaucoup tel qu’il sera démontré dans le texte.

La manière la plus simple d’identifier un « menteur » potentiel est de comparer ses comportements à ceux identifiés dans un tableau à quatre dimensions, où chaque dimension représente un type de menteur spécifique.

La première dimension est le niveau d’imprégnation du mensonge chez le menteur. Ce niveau varie en fonction de chaque individu selon de multiples facteurs reliés à son environnement, comme son enfance et son attitude.  Si l’individu a vécu dans un environnement où le mensonge était monnaie courante, il est fort possible que le mensonge fasse partie de son langage usuel et que l’aspect volontaire devienne discutable.

Il est possible de comparer le mensonge à une personne qui blasphème continuellement sans pour autant vouloir outrer la divinité. C’est un genre de réflexe naturel sans fondement volontaire.  Le mensonge devient donc un élément de communication sans vouloir nécessairement tromper l’autre.  C’est donc un mensonge sans malice mais qui est difficile à déceler puis qu’il est partie intégrante de la communication de l’individu. Conséquemment l’individu est à l’aise avec le mensonge.

La seconde dimension est basée sur le besoin à combler ou à protéger. Ce type de mensonge est volontaire et prémédité. Il est basé sur une stratégie dans un but précis. L’aisance d’un individu à mentir de la sorte est affectée par la fréquence du mensonge.  De plus, puisque l’individu doit faire appel à son imagination pour préparer et livrer son mensonge, il risque des failles et peut être facilement mis à découvert. Le niveau de malice varie beaucoup selon l’impact du mensonge en considérant l’importance et la légitimité du besoin à combler ou à protéger.

La troisième dimension porte sur l’évènement ou la situation. Ici, c’est sensiblement la même logique que pour le second tableau, car le mensonge est utilisé pour tricher sur l’évènement ou la situation. C’est un geste volontaire. La grande question à se poser est : Qui profite de la tricherie et au détriment de qui ? Quel est l’avantage pour le menteur ? Ne pas oublier que ce mensonge peut être utilisé pour sauver une situation catastrophique ou empêcher la panique générale.

La question importante est donc de connaître le but visé et d’évaluer les dommages collatéraux.

La quatrième dimension porte sur les personnes en cause. Il arrive souvent que le menteur décide et « invente » la vérité puisqu’il croit que c’est ce que ces personnes veulent entendre. Il va de soi que de prétendre qu’il est possible de connaître ce que les autres personnes doivent savoir est hyper prétentieux. Il faut donc essayer de comprendre la raison qui pousse notre menteur à agir de la sorte.

Cette approche du menteur n’est pas farfelue mais excessivement dangereuse, car le risque d’erreur est énorme. Si par contre, c’est dans un but de manipulation alors le mensonge devient malhonnête.

Comment savoir si quelqu’un ment ou essaie de vous manipuler?

Il y a 6 astuces et conseils pratiques pour apprendre à découvrir le mensonge et la manipulation. Attention toutefois, ceci n’est pas une science exacte.

1. Détourner le regard lorsqu’on répond à une question

Il arrive que lorsqu’on pose une question, la personne regarde rapidement d’un côté ou de l’autre avant de répondre. Il faut savoir que ce geste peut trahir un menteur ou un manipulateur. En effet, lorsque vous regardez un droitier qui jette lui même un regard sur votre gauche, cela veut dire qu’il construit (invente) une image avant de vous répondre.

2. La personne répond par l’affirmative ou la négative puis vous répond exactement l’inverse

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, en faisant attention, il arrive que des personnes commencent leurs phrases par “Non, …” ou “Oui, …” (ou des mots signifiant l’affirmation ou la négation)… pour dire et expliquer ensuite exactement le contraire !

Cela arrive aussi par les signes de la tête : c’est à dire lorsque les mouvements de la tête ne reflètent pas la parole. La personne parle, et les mouvements de sa tête indiquent le contraire de ce qu’elle dit. “Je ne suis pas tout à fait d’accord, il me semble que ces prix soient trop élevés…” (Tout en hochant la tête).

3. Le menteur qui « botte en touche », « noie le poisson », élude ou détourne la conversation

Vous essayez d’obtenir une information et vous n’y arrivez pas. L’interlocuteur esquive avec une certaine habilité afin de ne pas vous communiquer l’information.
Vous donnez de l’information à quelqu’un, celui-ci vous communique des mots, mais au sortir de la communication, vous n’avez pas appris quoi que ce soit, vous n’avez pas eu le sentiment de vous sentir “grandi” grâce au partage.

4. La personne fait la moue un bref instant

Si l’interlocuteur avec qui vous discutez fait la moue un bref instant mais semble abonder dans votre sens, cela veut dire qu’en réalité, il n’est pas d’accord avec vous… lorsque cela arrive, il ne faut pas hésiter à tenter de savoir quelle est la raison de ce désaccord.

5. L’interlocuteur qui ne répond pas immédiatement… et prend son temps

Mentir consomme énormément « d’énergie ». Lorsqu’une personne prend du temps avant de prendre la parole, cela peut vouloir dire qu’elle ment ou tente de manipuler. En effet, relater la vérité est quelque chose qui ne consomme pas beaucoup d’énergie et qui ne prend pas de temps.

6. La personne mélange les temps dans ses phrases

La simple conjugaison des phrases peut aider à détecter une manipulation, un bluff ou un mensonge. En effet, il arrive que des personnes préfèrent se blottir dans des évènements ou situations antérieurs au présent. Statut social, gloire passée, vie meilleure… ces évènements, ces situations représentent pour ces personnes une sorte de moi idéal qui s’avère à leurs yeux nettement meilleur qu’actuellement.

En conclusion il est difficile de répondre si l’on doit croire un menteur sans connaître le type de menteur et la raison du mensonge. Surtout ne pas oublier que le menteur ne ment pas tout le temps. Alors, bonne pratique à déceler le « menteur » potentiel et le pourquoi du mensonge.

Gilles Coutu,

Conseiller COSE

Et si les perceptions d’injustice foutaient le bordel!

Dans le billet « Non à l’injustice! » paru le 20 février dernier, je vous demandais, à vous les gestionnaires, de faire un examen de conscience sur vos agissements face à vos employés et d’évaluer s’ils vous trouvaient justes ou injustes à l’égard de vos décisions, vos méthodes, vos processus en matière de politiques ou de communication. Qu’elle a été votre évaluation? Je parie qu’il est possible de faire mieux. Si oui, bravo pour votre humilité.

J’ai aussi évoqué que les perceptions d’injustice pouvaient causer des ravages dans votre milieu de travail. L’objectif du présent billet est de vous indiquer les comportements qui peuvent avoir un impact négatif sur la productivité des employés, sur les dynamiques d’équipes, sur le climat de travail et, en bout de ligne, sur la rentabilité de votre entreprise.

Voici une liste de 10 comportements déviants les plus observés en milieu de travail en réaction à une perception d’injustice:

  1. Arriver en retard ou partir plus tôt
  2. Prétexter une absence pour cause de maladie
  3. Travailler intentionnellement plus lentement
  4. Potiner dans votre dos
  5. Parler négativement de l’entreprise à l’entourage
  6. Retenir de l’information
  7. Mentir sur le nombre d’heures travaillées
  8. Voler du matériel ou saboter de l’équipement de l’entreprise
  9. Violence verbale ou physique
  10. Avoir l’intention de quitter ou quitter le service ou l’entreprise

Vos employés n’adoptent pas de tels comportements déviants pour rien. La plupart du temps, ils n’en sont probablement même pas conscients, mais ils agissent ainsi en réaction à une situation ou à une succession d’événements qui leur déplaisent.

En tant que gestionnaire, vous devez être en mesure d’identifier si ces comportements ne sont pas dus à des perceptions d’injustice parce qu’elles risquent d’entraîner une rupture de la relation de confiance, de la satisfaction de l’employé et de son engagement envers l’entreprise. C’est majeur!

Voici mes trois conseils :

1.   Si vous constatez des comportements inhabituels, il y a peut-être une perception d’injustice non exprimée; ouvrez les canaux de la communication par un processus de rétroaction, posez des questions et cherchez à comprendre. Faites de l’écoute active!

2.  Justifiez votre point de vue, donnez-leur le plus d’information possible. Lorsque vos employés manquent d’information, il est facile de tomber dans les fausses perceptions, c’est-à-dire de tout interpréter de travers.

3.   Si des ajustements sont à faire, trouvez une solution commune, un terrain d’entente.

Justine Benoit, CRHA, MBA